Cours de génie mécanique
GÉNIE MÉCANIQUE
1. Résistance des matériaux
1.1. Moments quadratiques
1.2. Équation de la ligne élastique
1.3. Torsion
1.3.1. Ressort de compression
1.4. Flambage
1.5. Traction
Le génie mécanique désigne l'ensemble des connaissances
liées à la mécanique, au sens physique (sciences des mouvements)
et au sens technique (étude des mécanismes). Ce champ de connaissances
va de la conception d'un produit mécanique au recyclage de ce dernier
en passant, bien sûr par la fabrication, la maintenance, etc.
Ses applications sont très importantes dans de nombreux domaines
de la vie de tous les jours que ce soit pour la fabrication de
machines, de jouets, d'appereils électro-ménagers ou encore d'immeubles
ou de toute sortes de moyens de transports... et la lise est
encore longue...
RÉSISTANCE DES MATÉRIAUX
La résistance des matériaux (R.D.M. est ResDem pour les intimes...)
est, comme tous les autres chapitres de ce site, un domaine extrêmement
vaste dont le niveau de détail et la complexité des calculs peut
exploser. Nous allons dans les paragraphes qui suivent nous attarder
sur l'essentiel que l'ingénieur (en entreprise) doit savoir.
Les développements sont simplifiés à l'extrême pour des cas particuliers
triviaux. Dans la réalité il faut utiliser le calcul tensoriel,
les plans d'expérience ou la modélisation informatique avec les
MEF (méthodes des éléments finis).
Avant de commencer à étudier quelques cas concrets simples
faisons quelques rappels des démonstrations issues du chapitre
de Mécanique des Milieux Continus:
Le solide considéré comme rigide n'existe pas, ce n'est qu'une
approximation commode. L'expérience montre en effet qu'un solide
est toujours légèrement déformable sous l'effet de forces extérieures.
Les relations entre déformations et tensions sont en général
compliquées par suite de l'anisotropie des réseaux cristallins.
Cependant, les solides n'étant généralement pas des monocristaux
mais des substances polycristallines, constituées d'assemblages
de microcristaux associés au hasard, ils peuvent être considérés
comme isotropes.
Ensuite, il convient de considérer globalement les hypothèses
suivantes relativement aux développements qui vont suivre:
H1. Les déformations (déplacements des points de la ligne caractéristiques)
sont petites par rapport aux dimensions des objets étudiés.
H2. Toute section droite avant déformation reste droite après
déformation (Hypothèses de Navier-Bernoulli).
H3. Les résultats obtenus en R.D.M. ne s'appliquent valablement
qu'à une distance suffisamment éloignée de la région d'application
des efforts concentrés (Hypothèse de Barré de Saint Venant).
Nous avons vus dans le chapitre de Mécanique des Milieux
Continus que la loi de Hook stipule, lorsque les déformations
sont réversibles, qu'il y a proportionnalité entre
tension et déformation
(une des variantes de formulation de la loi de Hook):
(1)
ou:
(2)
où
E est le module de Young,

la
déformation normale et

la
contrainte normale.
Nous avons également démontré dans le chapitre de Mécanique
des Milieux Continus que la contrainte tangentielle était donnée
par:
(3)
où
G est le module de cisaillement,

est
l'angle de déformation et

le
coefficient de Poisson, nombre sans dimensions. Nous avons donc
une relation entre le module d'élasticité et de rigidité valable
dans le cas des petites déformations.
Nous avons vu également dans le même chapitre que pour un solide
ou un liquide soumis à une surpression isotrope uniforme
nous avions:
(4)
Le coefficient de compressibilité

est
donc un nombre positif, par conséquent en utilisant la relation
précédente, nous avons:
(5)
et vient alors un résultat connu:
(6)
Donc le coefficient de Poisson ne peut pas être plus grand
que ½ et il peut être négatif (dans ce dernier cas nous parlons
alors de matériaux
auxétiques).
Enfin, rappelons que nous avons vu dans le chapitre de Mécanique
des Milieux Continus que la contraction unitaire selon l'axe
z était
donnée lors d'une traction selon l'axe
x par:
(7)
Soit autrement écrit (en se concentrant sur le plan
XZ):
(8)
Soit:
(9)
Et c'est ce que montre la figure-ci-dessous:
(10)
Nous avons également démontré dans le chapitre de Mécanique
des Milieux Continus la relation suivante:
(11)
qui exprime le moment de flexion pour une poutre sous une effort
d'écrivant un arc de cercle et où
I caractérise la "
rigidité de
forme" d'un matériau d'aire transversale donnée. C'est une
relation très importante dans de nombreux domaines de la construction
(navale, automobile, architecture, etc.).
Remarque: I est
appelé le "moment
d'inertie statique" ou "moment
quadratique" comme nous l'avons déjà spécifié dans
le chapitre de mécanique des milieux continus.
MOMENTS QUADRATIQUES
Voyons les trois moments d'inerties statiques

classiques
du domaine de la RDM car souvent rencontrés dans la pratique
(construction):
1. Moment d'inertie statique transversal de la plaque rectangulaire
de côté
b et hauteur
h:
(12)
Le domaine occupé par la plaque est donné par:
(13)
Nous avons alors:
(14)
2. Moment d'inertie statique transversal d'un disque de diamètre
:
(15)
Ici le domaine d'intégration est :
(16)
où
d est le diamètre du disque.
Nous avons toujours:
(17)
Pour calculer cette intégrale nous utilisons les coordonnées
polaires :
(18)
Le jacobien de la transformation est égal à
r (
cf.
chapitre de Calcul Différentiel Et Intégral). Nous obtenons:
(19)
3. Moment d'inertie statique d'une couronne de diamètre
extérieur
D et
diamètre intérieur
d:
(20)
Ici le domaine d'intégration est :
(21)
où
D et
d sont respectivement les diamètres du
grand et du petit disque.
Si nous notons

le
domaine du grand disque et

celui
du petit disque alors:
(22)
en utilisant le moment d'inertie statique du disque.
Pour résumer, nous avons donc:
(23)
et enfin il existe aussi le moment quadratique polaire de
S par
rapport à un point
O:
(24)
Il est donc aisé dans des cas simples de connaître le moment
d'inertie polaire et celui-ci est très utile dans la cadre de
l'étude de la torsion.
Il découle de ces outils que plus les éléments de la section
sont situés loin de l'axe, plus le moment quadratique sera important
et plus (nous le démonterons dans ce qui suit) les flèches seront
faibles.
ÉQUATION DE LA LIGNE ÉLASTIQUE
Pour cet exemple de cas d'école mais très utilisé dans la pratique
nous allons d'abord devoir obtenir mathématiquement la forme
géométrique que prend la fibre neutre d'une poutre soumise à des
efforts de flexion.
Remarque: Les systèmes mécaniques dont l'étude, excédent les
calculs de la statique et qui exigent la prise en compte des
contraintes et des déformations élastiques sont appelés (curieusement...) "systèmes
hyperstatiques".
En faisant l'hypothèse que les déformations sont faibles et
que le poids de la poutre est faible devant la force qui plie
la poutre, nous pouvons faire le schéma suivant:
(25)
Par définition de la dérivée et en vertu de l'hypothèse des
faibles déformations (cela fonctionne donc quand même bien jusqu'à 45°...)
:
(26)
Soit en dérivant encore une fois:
(27)
D'autre part, la figure montre que (
cf.
chapitre de Trigonométrie)
:
(28)
Mais du fait que la courbe de la fibre neutre s'écarte peu
de l'axe
y (déformation faibles), nous pouvons écrire:
(29)
Donc:
(30)
Ainsi, nous pouvons écrire en utilisant les relations obtenus
plus haut:
(31)
qui est donc l'équation différentielle donnant

,
appelée "
équation de la ligne élastique".
Exemples:
E1. Poutre encastrée que d'un seul côté (cas classique dans
la construction et les habitations):
(32)
Dans la section
S quelconque, le moment de force (de
flexion) vaut donc:
(33)
D'autre part:
(34)
En éliminant
R entre ces deux relations, il reste:
(35)
La figure montre que les conditions aux limites sont:
(36)
Nous tirons après intégration:
(37)
Soit:
(38)
Si

la
déformation est maximale et
z prend donc la valeur maximale
f appelée
la "
flèche". Il s'ensuit:
(39)
Tout les données de cette relation nous sont connues (force,
longueur, module de Young, inertie statique).
Les connaissant il est alors possible de déterminer si la barre
va casser ou non car il suffit d'appliquer la relation démontrée
plus haut:
(40)
et sachant expérimentalement à partir de quelle valeur de

la
matériau casse on saura quand la barre cassera (approximativement!).
Nous avons donc un résultat qui va nous être utile par la suite:
(41)
et en intégrant de 0 à
L nous retrouvons la flèche de
notre poutre précédente!
E2. La poutre soutenue est l'exemple le plus classique en construction
et donc en architecture. Il s'agit d'une poutre homogène, de
section constante, reposant sur deux appuis libres à ses extrémités
et soumis à une charge
F en son centre:
(42)
Nous pouvons donc considérer que tout se passe comme si nous
avait
F/2 aux deux extrémités de deux poutres de longueur
L/2.
Remarquons que nous négligeons le poids de la poutre devant
F,
mais
F peut être tout simplement le poids de la poutre!
En utilisant la relation précédente, nous avons:
(43)
Soit:
(44)
Ainsi, pour une même longueur de poutre, à
F identique
la flèche est donc 16 fois moindre que pour une poutre encastrée!
C'est cette relation qui est aussi utilisée pour les poutres
IPN (fameuses en construction!).
TORSION
Rappelons au lecteur d'abord une étude faite dans le chapitre
de Mécanique Classique sur le pendule de torsion où certains éléments
avaient volontairement tus. Étudions cela plus en détails car
très utile pour les arbres de transmission ou les ressort dans
la vie de tous les jours.
Considérons maintenant un fil cylindrique fixé en sa base soumis à un
moment de torsion

.
Sous l'effet de ce moment de torsion, la face supérieure du fil
est décalée d'un angle

par
rapport à la face inférieure, la matière subissant une tension
de torsion (ou cisaillement

):
(45)
Imaginons à l'intérieur du fil un tube élémentaire de rayon
r,
d'épaisseur
dr, et observons l'effet de la torsion sur
ce tube déroulé (cela nous permettra une approche approximative
du phénomène intéressé):
(46)
Cherchons une relation entre le moment de torsion

et
l'angle de torsion

.
Pour le tube déroulé, appliquons les relations du cisaillement:
(47)
or la figure montre que (les déformation étant faibles) au
premier ordre en série de Taylor (
cf. chapitre
sur les Suites et Séries):
(48)
d'où:
(49)
Le moment élémentaire dû à cette force est par définition du
moment de force:
(50)
Soit puisque

et

sont
perpendiculaires:
(51)
Le moment total vaut alors:
(52)
donc:
(53)
Nous retrouvons donc la relation du pendule de torsion que
nous avions posé lors de notre étude du pendule de torsion dans
le chapitre de Mécanique Classique avec comme différence que
cette fois la constante
k, la "
constante
de torsion" est
explicite!!!!
Voyons donc une application très importante au ressort de compression
de type hélicoïdal (l'approche est approximative à nouveau à défaut
de mieux...) travaillant en torsion.
D'abord il faut bien se rendre compte que lorsqu'une force
est appliquée au ressort, les extrémités vont tourner d'un angle

alpha
faible (torsion) correspondant au parcours d'une distance
x qui
elle-même correspond au rétrécissement du ressort (ben oui! il
faut bien que cette longueur soit reprise quelque part).
Soit alors un ressort de rayon extérieur
R (soit
de diamètre
D), de module de cisaillement
G, avec
un diamètre de corps
d (diamètre du cylindre plié dont
est composé le ressort) :
(54)
Pour l'analyse nous aurons besoins simplement de mélanger plusieurs
de relations démontrées jusqu'à maintenant. En premier lieu l'angle
de torsion d'une poutre de longueur
L (longueur du ressort
en l'occurrence!):
(55)
Avec:
(56)
et:
(57)
Par ailleurs, le moment de torsion s'écrit:
(58)
Nous arrivons donc à:
(59)
Remarque: Le rapport

est
appelé la "
raideur".
Le déplacement (déformation)
x vaut lui (
cf.
chapitre de Trigonométrie):
(60)
Nous arrivons finalement à:
(61)
ce qui nous amène à la relation mondialement connue dans le
monde dans la R.D.M. en ce qui concerne les ressorts:
(62)
où
k est la "
constante de
raideur" du ressort!!
FLAMBAGE
Nous terminons cette étude de la R.D.M. avec le flambage (cas
d'étude classique en construction et mécanique) qui consiste à déterminer
(dans un cas particulier simple) la force minimale

à partir
de laquelle une barre de longueur
L, de module de Young
E fixée à ses
deux extrémités peut plier (avec un rayon
R) jusqu'à casser
sans qu'il y ait besoin de trop augmenter la force

(il
s'agit donc à nouveau d'une valeur d'indication!).
Dans l'étude de ce phénomène, nous considérons que dès que
la barre commence à plier nous avons alors

(et
nous ne sommes alors plus très loin de la force permettant de
la casser).
(63)
Lorsque la barre commence à plier nous avons alors une force

qui
s'applique à chaque élément de volume de la barre mais ceux-ci
ne sont pas distribués de la même manière selon l'axe
z et
donc ne créent pas le même moment de force!
A l'équilibre de la force de flambement, la barre soumet un
moment de rappel. Nous avons alors:
(64)
En exprimant le moment de flexion
M au moyen de la relation:
(65)
Il vient:
(66)
En utilisant l'équation de la ligne élastique et en remplaçant,
nous obtenons:
(67)
soit:
(68)
qui est l'équation différentielle de flambage permettant de
calculer la force de flambage avec les conditions initiales:
(69)
La résolution de cette équation différentielle du second ordre
est aisée (
cf. chapitre de Calcul Différentiel et Intégral) puisque
l'équation caractéristique est:
(70)
Nous avons alors la solution homogène:
(71)
La condition

impose:
(72)
Il vient alors:
(73)
La deuxième condition

impose:
(74)
Donc il vient immédiatement que:
(75)
avec

(car
si
k valant zéro n'est pas une solution physique possible
et pour
k entier supérieur à 1 signifierait que la barre
plie sur plusieurs périodes ce qui n'est pas le cas puisqu'elle
le fait seulement sur une demi-période comme le montrait la figure).
Soit:
(76)
Cette relation est parfois appelée "
formule
d'Euler" (à ne
pas confondre avec la formule du même nom en théorie des graphes)
et la charge limite la "
charge ou
force critique d'Euler".
L'ensemble de l'étude étant le "
flambage
d'Euler".
TRACTION
Considérons maintenant le cas d'une barre suspendue seulement à son
propre poids. La surface de sa section circulaire est
S et
h la
hauteur totale de cette barre. Le module de Young du matériau est
noté
E (
cf. chapitre de Mécanique
des Milieux Continus)
et

sa
masse volumique.
Il est facile de constater qu'une section située à une altitude
z supporte
le poids du morceau de barre situé sous elle:
(77)
La contrainte n'est alors pas constante dans la barre:
(78)
et la déformation non plus:
(79)
z étant l'abscisse sur la barre, la déformation inhomogène
est liée au déplacement par la relation:
(80)
Après intégration, nous obtenons la forme générale du déplacement:
(81)
où la constante est à déterminer en utilisant les éventuelles
conditions de liaison aux extrémités de la barre. Si l'extrémité supérieure
est encastrée, le déplacement y est donc nul:
(82)
Le déplacement en tout point de la barre s'exprime donc:
(83)
L'allongement de la barre est l'écart en déplacement entre les
deux extrémités de la barre:
(84)
Nous avons alors trivialement:
(85)
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